Elle est partie…
Quand j’étais petite, mes copines partaient en vacances à la mer. Moi, j’allais… chez Mamy. Jusqu'à l'âge de 15 ans, j'y suis allée chaque année.
Les deux mois de vacances scolaires représentent, au bout de 15 ans, deux ans et demi de vie commune. C’est à la fois très peu et beaucoup finalement.
Car ces deux ans et demi morcelés sur toute mon enfance et mon adolescence m’ont permis, à moi qui suis née à l’étranger, qui ai vécu dans une région d’accueil qui est maintenant la mienne, de me construire une origine, un territoire d’origine.
Je ne suis pas venue vous raconter ma vie. Mais vous faire partager quelques photographies de moments partagés, Comme ces photos en noir et blanc, où l’on regarde avec tendresse des moments de bonheur qui ne reviendront pas, mais que l’on n’oubliera jamais.
Les vacances chez Mamy, c’est tout d’abord l’odeur de la forge… Car bien sûr on n’oublie pas Papy, maréchal-ferrand dont l’anniversaire de la naissance est… le 1er avril ! Il aurait eu 100 ans mercredi !
Cette odeur de corne brulée, le tintement du marteau sur l’enclume…
Et puis une autre odeur… Celle des tartes du dimanche…
Tartes qu’elle confectionnait gaiement en chantant la messe qui était diffusée à la radio, pendant que je me sauvais en courant après avoir volé un morceau de pâte, avec la menace d’attraper mal au ventre.
Un autre doux souvenir… A table… A la fin du repas, quand la conversation en famille s’éternise pour la petite fille que j’étais : elle me laissait enlever et replacer inlassablement des épingles de son chignon, qui n’avait nul besoin d’être refait, mais simplement pour le plaisir.
Je la revois, petite femme discrète avec son voisinage, même si elle ne perdait pas une miette de ce qui s’y passait…
Elle ne sortait même pas faire ses commissions… C’était Papy qui était chargé de lui rapporter les courses de chez l’épicière, dont il rapportait son eau de Cologne préférée… Chypre… ou Lavande… pour changer de temps en temps.
Ses distractions extérieures ? Balayer son caniveau… Ah ! qu’aurait-elle fait sans son balai ? D’ailleurs… quand elle a commencé à ne plus pouvoir s’en servir… ça n’a pas été bon signe…
Son univers préféré était son jardin… Taillant ses fusains aux petits ciseaux et redessinant chaque année ses plates-bandes comme un jardinier du Roi Soleil : à la française !
C’est à la fois si loin dans le temps et si frais dans mon esprit… C’était… il y a 40 ans !
Voici quelques clichés choisis parmi beaucoup d’autres, pour vous faire partager un regard sur cette vieille dame – elle allait avoir 99 ans ! - que vous ne connaissez pas, que je n’ai pas vue ces dernières années en raison de notre éloignement géographique, mais dont l’image que je veux garder d’elle – celle que je viens de vous décrire - ne me quitte jamais.
Elle est partie vendredi... Je ne serai pas là demain...
Je vous dis à mercredi.